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 ANTHROPOLOGIE ET CINEMA



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Appel à communication "Connaissance No(s) Limit(es)" : 1er Congrès de l'Association française d'ethnologie et d'anthropologie (AFEA) du 21 au 24 septembre 2011, EHESS, Paris,  http://asso-afea.fr/


L'ANTHROPOLOGIE AUDIOVISUELLE ?

L'anthropologie audiovisuelle : une anthropologie hors texte

 

L'anthropologie audiovisuelle se fonde sur l'évidente visibilité d'un certain nombre de manifestations culturelles et sociales. Cette visibilité conduit la recherche à utiliser les instrumentations audio-visuelles pour enregistrer ces expressions audibles et visibles mais aussi pour les soumettre à l'analyse et en communiquer les résultats.

Après avoir adopté un point de vue positiviste de la description - l'image et le son enregistrés seraient identiques à ce qu'ils enregistrent -  de nombreux anthropologues ont perçu le caractère relatif de toute procédure d'observation et par conséquent de toute modalité de constitution d'archives et de production cognitive. Cela correspondait à la nécessaire prise de conscience de la position particulière du chercheur à l'intérieur même de son champ de recherche.

Le passage s'est ainsi opéré de l'identité de l'image avec ce qu'elle représente à une prise en compte de l'intentionnalité, consciente ou non, de l'opération de captation de l'image et du son. Il s'est en outre avéré que la mise en image-son impliquait ceux qui était initialement les "objets" de l'observation et qu'en conséquence la production audiovisuelle était en elle-même un phénomène complexe qui devait rendre compte de la dynamique d'une situation constituée sur un terrain quelconque.

La diffusion même des instruments d'enregistrement permettait de faire dialoguer les "images de soi" avec les "images de l'autre". L'observateur et l'observé sont dans une situation de réciprocité dont peut et doit rendre compte la procédure audiovisuelle.

Outre la situation développée pendant l'enregistrement sur le terrain, l'anthropologie audiovisuelle se préoccupe des effets de ses enregistrements et se doit de tenir compte des réactions des participants de la situation initiale aux résultats de la captation réalisée en collaboration active. Ce "feed-back" s'enrichit également des différentes réceptions possibles en d'autres lieux, en d'autres cultures. Les "spectateurs", professionnels ou non, de l'anthropologie sont ainsi également partie prenante d'une entreprise de partage, d'échange, d'une négociation inter et intra-culturelle qui a pour vocation de n'être jamais achevée. Il en est des "cultures" comme de l'histoire, leur sens se modifie au fur et à mesure des interprétations dans un monde en constante transformation.

Sans doute l'anthropologie visuelle n'est-elle pas, en ce sens, un secteur particulier d'une anthropologie générale. Il s'agit bien plutôt de l'élargissement d'un espace de recherche jusqu'alors couvert et interprété essentiellement par le langage spécifique d'une anthropologie "textuelle". Nous sommes désormais également concernés par une approche de l'espace et du temps vécus, du mouvement, du corps et de l'expression visible des sentiments. Dans cette perspective nous devons développer des langages appropriés à la restitution de tout ce qui dans l'ordre des cultures et des relations sociales s'exprime de manières sonores et visuelles. Il s'agit de ce que nous pourrions appeler une anthropologie hors texte. 


  M-H Piault - 2008

   Anthropologue - cinéaste

   Président du Comité pour la Diffusion du Film Ethnographique en Afrique




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site mis en ligne mai 2008